L’étude PATH (population assessment of tabacco and health) est une étude longitudinale qui évalue l’impact du tabagisme sur la santé de la population aux Etats-Unis. Cette étude réalisée entre 2013 et 2019 était soutenue par le National Institutes of Health (NIH) et la Food and Drug Administration (FDA). Dans cette étude, les auteurs évaluent l’impact du vapotage (usage de la cigarette électronique) sur les maladies cardiovasculaires. Les participants sont classés en 4 groupes :
Un groupe temoin composé de sujets qui ne sont ni fumeurs actifs, ni vapoteurs actifs.
Un groupe de vapoteurs exclusifs pendant la période de l’étude.
Un groupe de fumeurs exclusifs actifs au moment de l’étude et ayant consommé au moins 100 cigarettes dans leurs vie.
Un groupe de consommateurs mixte : fumeurs et vapoteurs (vapo-fumeurs).
Le critère principal composite associait tous les évènements cardiovasculaires auto rapportés dans les 12 derniers mois (IDM, pontages coronaires, insuffisance cardiaque, autres cardiopathies, AVC). Un autre critère regroupait les IDM, les AVC et l'insuffisance cardiaque.
Les participants ont été suivis pendant une période de 4 ans. Vingt quatre mille vingt sept adultes âgés de plus de 18 ans ont été éligibles pour l’étude. Cinquante pour cent des participants avaient moins de 35 ans et 51 % étaient de sexe feminin.
Durant la période de l’étude, 1487 évènements cardiovasculaires ont été enregistrés dont 519 évènements majeurs (cf.tableau).
L’incidence des évènements cardiovasculaires chez les vapoteurs exclusifs était identique à celle des témoins. Même si les vapoteurs avaient un peu plus d’évènements cardiovasculaires majeurs que les témoins, la différence n’était cependant pas statistiquement significative.
Comparés aux fumeurs exclusifs, les vapoteurs exclusifs avaient 30% à 40% moins d’évènements cardiovasculaires.
L’incidence des évènements cardiovasculaires chez les consommateurs mixtes était identique à celle des fumeurs exclusifs.
En conclusion, cette étude semble dire que le vapotage n’est pas un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, et que l’usage mixte du vapotage et du tabac ne réduit pas les risques de maladies cardiovasculaires.
Cette étude souffre de quelques limites : le nombre d’évènements cardiovasculaires enregistrés et le caractère d’autodéclaration ; la courte durée d’exposition au vapotage ne permet pas d’apprecier les conséquences à long terme sur les évènements cardiovasculaires ; l’étude ne prend pas en compte les anciens fumeurs dans les groupes vapoteurs exclusifs ; le type et la génération du dispositif de vapotage utilisé ain si que la concentration de nicotine délivrée ne sont pas précisés.
En conclusion, cette étude montre que la consomation mixte du tabac et de la cigarette électronique ne réduit pas le risque d’évènements cardiovasculaires, alors que le vapotage exclusif diminue significativement ce risque comparé au tabagisme exclusif.
COMMENTAIRES
Toxicité des divers composés de la vapoteuse.
La toxicité cardiovasculaire liée au vapotage dépend du type du dispositif utilisé. Les nouveaux dispositifs permettent aux utilisateurs de régler la température et le voltage de leur appareil afin de contrôler le volume de vapeur et ainsi la concentration de nicotine et autres molécules délivrées.
Les vapoteurs ne sont pas soumis aux risques liés au monoxyde de carbone (CO) ni aux autres gaz oxydants produits par la combustion du tabac.
Le e-liquide contient du propylène-glycol et de la glycérine végétale, des arômes, et de la nicotine à des concentrations variables.
Le propylène-glycol et la glycérine, une fois chauffés, peuvent former des produits comme l’acétaldéhyde, le formaldéhyde, l’acroléine et les radicaux libres d’oxygène qui sont potentiellement délétères pour le système cardiovasculaire. Si les concentrations générées sont légèrement supérieures à celle de la pollution atmosphérique, elles sont 100 à 1000 fois inférieures à celles produites par la cigarette.
Effets cardiovasculaires du vapotage
La pharmacocinétique de la nicotine délivrée par les vapoteuses de dernière génération serait proche de celle de la cigarette, avec un possible effet sympathomimétique à l’origine d’une modification de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.
L’impact des autres composants de l’aérosol de la vapoteuse sur les maladies cardiovasculaires à court et à long terme par le biais du stress oxydatif reste théorique et expérimental.
En conclusion : Le risque cardiovasculaire du vapotage n’est pas nul. Il reste néanmoins très largement inférieur à celui du tabagisme. Si le vapotage peut être une source alternative efficace de nicotine pour les fumeurs, il n’est pas recommandé en première intention pour le sevrage tabagique. Mais si un sevrage a été engagé avec ce produit, il faut l’accompagner et veiller à ce que le patient ne reste pas vapo-fumeur, et l’inciter à terme à quitter le vapotage même s’il est vapoteur exclusif.
Références
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